L'âge d'or du protestantisme melgorien,
de 1560 à l'Édit de Nantes en 1598
La Réforme protestante se développe dans le Saint-Empire-Romain-Germanique en 1521. Cependant, elle ne se diffuse vraiment en France que dans les années 1540 avec le courant calviniste. Celui-ci se propage essentiellement par le biais des élites, des marchands et des populations lettrées. L'appellation « croissant protestant » est utilisée pour dénommer les zones où le protestantisme est très répandu en France. Il se situe en dessous de la Loire, il va de La Rochelle à Lyon en passant par le Languedoc. Le Languedoc est composé du Velay, du Haut Languedoc, du Vivarais et du Bas Languedoc.
Mauguio est une ville marchande et portuaire située à 10 km de la grande ville de Montpellier dans le Bas-Languedoc. L'influence culturelle, économique et religieuse de cette grande ville a eu de fortes répercussions à Mauguio.
En effet, très tôt, dès les années 1530 les Montpelliérains se convertissent progressivement au calvinisme. De 1561 à 1567, la ville est à majorité calviniste et les protestants prennent le pouvoir. A la fin de cette période, le protestantisme commence à perdre de son influence au profit des catholiques. La multiplication des échanges commerciaux et des contacts liés à l'implantation des bourgeois montpelliérains (juristes, financiers, médecins) aux alentours de Mauguio a permis une diffusion de la Réforme protestante au sein de la population melgorienne. Parmi les autres vecteurs de diffusion du protestantisme à Mauguio, il faut noter la relation conflictuelle de la population avec son clergé qui a favorisé la conversion des croyants. De plus, le clergé melgorien s'affilie également à la Réforme par le biais de débats avec des étudiants montpelliérains réformés. Nous pouvons citer comme exemple, la conversion de François Pélissier, premier clerc connu à s'être marié à Mauguio.
© Association Acanthe
Les guerres de religion s'accompagnent de mouvements iconoclastes, ils sont notamment très importants dans le Midi de la France. Ils se caractérisent par la destruction de représentations religieuses de type figuratives : crucifix, icônes catholiques, portraits de saints ou encore reliques. Pour les protestants, elles sont assimilées à de l'idolâtrie parce que Dieu seul mérite un culte. Au niveau local, Mauguio a certainement connu un mouvement iconoclaste avec la destruction de ses églises.
Malgré la politique répressive d'Henri II à l'égard des protestants, Mauguio s'intègre dans l'essor de la Réforme Protestante. En 1560, un an après la mort du Roi, il est possible de compter près de 670 églises réformées dans le Royaume de France. C'est à ce moment-là que commence la Commission Villars. Il s'agit d'une grande enquête sur le protestantisme en Languedoc menée par le comte de Villars qui s'appuie sur le Parlement de Toulouse pour juger les protestants.
A Mauguio, elle montre une communauté réformée très organisée ayant pris le contrôle du consulat et de la ville. La Commission condamne les pasteurs et incite la population melgorienne à se reconvertir au catholicisme avant une mise à mort au bûcher. Cependant, peu de mises à mort ont été prononcées et la communauté protestante se reconstruit rapidement. De ce fait, on ne connaît pas l'impact réel de cette commission pour stopper la Réforme.
A cette époque à Mauguio, une grande partie de la population est réformée avec environ 20 foyers catholiques pour près de 400 foyers réformés. L'église catholique est réquisitionnée pour servir de temple. La communauté protestante est ainsi gouvernée par un Consistoire, une instance d'administration qui se compose de douze anciens (personnes chargées de la surveillance de la discipline morale ; souvent des notables) et de délégués des pasteurs. Ce Consistoire représente la commune dans les assemblées provinciales à l'échelle du Bas-Languedoc, à l'image de celui qui se tient à Montpellier en 1561, réunissant 12 groupes réformés.
Cependant, les catholiques reprennent Mauguio en 1568 et détruisent une première fois les murailles de la ville. Celle-ci est reprise par les protestants seulement un an après et les murailles sont reconstruites dès 1597.
Il est finalement possible de parler d'un calvinisme conquérant jusqu'en 1598. Cette année-là, l'Édit de Nantes entre en vigueur et rétablit le culte catholique partout en France tout en maintenant la pratique des cultes protestants dans les communes où ils étaient déjà célébrés en 1597. De plus, il assure l'égalité des confessions devant la loi, pour l'emploi et dans les chambres politiques avec des chambres mi-parties. De ce fait, le rétablissement du culte catholique interdit à Mauguio depuis 1563 est effectif en 1602. Les églises catholiques ayant été détruites ou étant en très mauvais état, l'évêque fait l'achat d'une maison pour y célébrer l'office.
Cependant, l'emprise des protestants à Mauguio reste importante, notamment dans la vie politique. En effet, ils occupent les charges de consuls, des membres du conseil qui administrent et gouvernent la ville.
A cette omniprésence du protestantisme dans les hautes-sphères politiques, s'ajoute l'accueil d'un synode provincial en 1619 à Mauguio. Autant d'éléments perçus comme un acte de rébellion contre l'évêque et contre le Roi. En effet, au cours de cette assemblée sont actées plusieurs décisions qui enfreignent l'Édit de Nantes comme l'implantation de nouvelles communautés protestantes. Cette assemblée montre la place importante que pouvait occuper Mauguio, à cette époque-là dans le Bas-Languedoc protestant. Elle prépare également les Guerres de Rohan qui vont engendrer le déclin de la communauté protestante melgorienne.