la pêche en images
"Les mains dans le sel de la mer. La peau usée, les rides creusées par le soleil. Ses ongles ne font plus qu'un avec le sable. Sa tête est ailleurs, là-bas, à l'horizon. Il ne fait plus tout à fait partie des hommes, celui qui a pris la vague, de l'aurore au crépuscule. Et partout il a vécu libre cet homme. Dans sa valeureuse barque, il avance dans l'écume du jour." Le pêcheur de l'Etang de l'Or © Agathe Catel
Agathe Catel est une artiste aux multiples talents, photographe, chanteuse, actrice, auteure... Elle découvre le monde de la photographie très tôt. A l'âge de 10 ans, elle se passionne déjà pour la magie de l'instantané lors d'un stage en sixième. La jeune femme apprend par la suite l'art de la photographie en autodidacte.
Bercée depuis l'enfance par des valeurs humanistes, Agathe Catel, véritable globe-trotteuse, parcourt le monde avec son appareil photo. En quête de diversité culturelle, elle immortalise l'Homme dans son intimité.
En 2011, après ses études, elle pose ses valises à Madagascar. Sur cette île de l'Océan Indien, Agathe Catel fait la rencontre qui viendra bouleverser sa carrière de photographe, avec Pierrot Men. L'œil aiguisé du photographe oriente la vision artistique d'Agathe Catel vers une démarche esthétique et documentaire.
"Ce que je recherche, c'est tout simplement la beauté. La beauté dans l'humanisme. Outre le fait que mon travail peut porter des enjeux anthropologiques, je me considère avant tout comme une artiste, pas comme une journaliste. Je souhaite consacrer ma vie à extraire la beauté de chaque personne que je rencontre sur mon chemin et continuer à parcourir le monde tout en découvrant les humains et la vie.”
En 2015, elle gagne la confiance des circassiens du Cirque national de Cuba et accède aux coulisses. De cette relation de confiance est née une série de photographies qui marquera sa carrière artistique.
"Je me suis concentrée sur le cirque car j'ai découvert que le cirque est le lieu privilégié du multiculturalisme et parce qu'en tant qu'humain, j'ai trouvé que dans le cirque, l'altérité est exacerbée. Les artistes sont les autres, ceux qui sont différents et je veux montrer que la différence est richesse et beauté.”
En 2016, cette série, intitulée “Derrière le rideau", obtient le premier prix du Festival Visa Off pour l'image. Cette récompense la décide à se consacrer pleinement à sa carrière artistique.
Agathe Catel a toujours eu la volonté de mettre au jour les métiers de l'ombre. Elle s'intéresse aux savoir-faire, aux êtres humains qui se cachent derrière ces métiers méconnus. Par ses clichés humanistes, elle est ambassadrice du patrimoine culturel immatériel.
En 2019, l'étang de l'Or attise sa curiosité. Un matin, elle se lève aux aurores pour provoquer la rencontre avec des pêcheurs. Après plusieurs tentatives d'approches peu fructueuses, Agathe Catel fait la rencontre de Laurent Pezzoti. Le pêcheur est rapidement conquis par la démarche de la photographe. Il est curieux, charismatique et considère son métier comme une tradition, un savoir-faire à transmettre. Une discussion s'établit, le pêcheur parle de son métier, de ses engagements écologiques, de sa passion pour la faune de l'Etang de l'Or. Agathe Catel capture des moments de vie, des gestes répétés avec attention et précision.
Agathe Catel a réussi, comme avec les circassiens, à établir une relation de confiance avec Laurent Pezzoti. Le pêcheur lui a offert la chance de monter à bord de sa barque. Sur les eaux, il partage avec elle, ses techniques, ses connaissances et son savoir-faire. Au travers de cette relation naît une volonté de transmettre et de valoriser cette profession.
Pour capter les difficultés et l'engagement physique du pêcheur, Agathe Catel a joué avec les effets de lumière. A l'aube et au crépuscule, elle immortalise un paysage qui au fil de la journée diffuse des lumières, des couleurs et des atmosphères changeantes. L'œil de la photographe est important dans la prise de vue. Les moments capturés se jouent au dixième de seconde près. Agathe Catel a été observatrice et suffisamment réactive pour saisir le plus fidèlement les mouvements du pêcheur.
La série, Le pêcheur de l'Etang de l'Or s'est achevée au début de l'année 2021. Elle reflète une démarche mêlant esthétisme et documentaire. Soucieuse de montrer la dimension humaniste liée à la difficulté de la profession, la photographe participe à la transmission et à la valorisation d'un patrimoine immatériel, celui de la pêche.
Le pêcheur de l'Etang de l'Or
"Les mains dans le sel de la mer. La peau usée, les rides creusées par le soleil. Ses ongles ne font plus qu'un avec le sable. Sa tête est ailleurs, là-bas, à l'horizon. Il ne fait plus tout à fait partie des hommes, celui qui a pris la vague, de l'aurore au crépuscule. Et partout il a vécu libre cet homme. Dans sa valeureuse barque, il avance dans l'écume du jour."
© Agathe Catel
Pour découvrir davantage Agathe Catel, vous pouvez consulter ses sites internet agathecatel.com et hanslucas.com, ainsi que son compte Instagram.
Photographie préférée d'Agathe Catel
"J'aime cette photo parce qu'elle évoque la dureté et la nostalgie d'une planète florissante révolue. On y ressent la fatigue et les désillusions d'un homme écologiste d'aujourd'hui."
Des pêcheurs et un étang
La lagune de l'étang de l'Or est l'une des plus vastes du littoral languedocien. Peu profonde, elle est reliée à la mer par un seul grau, celui de Carnon. De nombreuses activités socio-économiques et culturelles sont présentes sur la lagune. Véritable socle identitaire, la pêche y est pratiquée depuis que l'homme s'est installé sur ces terres. Les pêcheurs s'intéressent principalement aux anguilles, aux crabes, crevettes, jols, loups et dorades. Les savoir-faire employés y ont été développés au fil du temps et des expériences.
Capetchades © E. Le Pommelet
Capetchades :
Principal filet utilisé sur l'étang, il est installé pour attraper les poissons migrateurs. Formé d'une paradière (filet établi en pleine eau à l'aide de pieux et de bambous) et de trois verveux (filet en forme de nasse, composé d'un manche maintenu ouvert par des cercles rigides, disposé au fond de l'eau). Les capetchades offrent une faible sélectivité des spécimens, piégeant quasiment tous les poissons de plus de 4 cm. Les individus de longueurs inférieures à la taille commerciale sont remis à l'eau.
Depuis les années 1965, le nombre de pêcheurs diminue fortement. En 1982 on comptait 51 pêcheurs, aujourd'hui ils ne sont plus qu'une dizaine sur l'étang de l'Or, conséquence directe de l'évolution des techniques de pêche et de la diminution des ressources de l'étang due à la salinisation de l'eau.